Le capitaine de l’équipe de France d’apnée, c’est elle !

 

Apnéiste depuis sa plus jeune enfance, Olivia Fricker a fait de l’apnée statique sa spécialité en compétition pendant de nombreuses années. Aujourd’hui, elle se consacre au développement de l’apnée en France et accompagne l’équipe de France d’apnée dont elle est le capitaine.

Je vous propose de découvrir aujourd’hui une apnéiste, une compétitrice mais surtout une femme qui fait beaucoup pour l’apnée féminine en France.

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De gauche à droite, Sophie Jacquin, Olivia Fricker et Caroline Regnard – Crédit photo : Jean-Charles Maes

Pourquoi pratiques-tu l’apnée ?

Je pratique l’apnée pour le plaisir que me procure cette discipline, aussi bien en piscine, qu’en milieu naturel (qui reste pour moi la finalité). Pour le bien-être physique mais aussi mental que me procure l’apnée en général ; ce que cela m’apporte dans ma vie personnelle mais aussi professionnelle (notamment son effet contre le stress), pour les rencontres, la philosophie qui entoure cette discipline … Quoi de mieux que de partir en mer après avoir tremper ses palmes quelques semaines dans les bassins chlorés. En mer, mais aussi en lac pour moi, je profite de l’instant présent, n’ai plus de notions de temps. Reste uniquement le plaisir d’être en apesanteur ou presque, dans l’eau et d’aller à la découverte de ce monde apaisant, les yeux et oreilles grands ouverts.

Depuis combien de temps ?

J’ai la chance de pouvoir pratiquer depuis toute petite même si enfant, l’apnée que je pratiquais n’avait rien de sportive. Elle était ludique mais surtout contemplative, avec mon masque, mon tuba et mes palmes. Quoi de plus agréable que de se balader dans l’eau, au milieu des posidonies et des poissons, à observer les bancs de mulets, saupes …. A contempler les paysages sous-marins, écouter les vagues, jouer avec elles, sentir le soleil dans son dos, respirer et lécher ses lèvres salées … ?

Je me suis « vraiment  » mise à l’apnée au sein d’un club début 90. Et il a d’ailleurs été difficile à l’époque de nous faire une place, avec les copains et mon moniteur (Jean-Marie Knecht, MEF2 apnée). Nous étions considérés comme des gens un peu dangereux, téméraires … il n’en était rien, bien au contraire.


Participes-tu à des compétitions ? 
Si oui depuis combien de temps, quelle est ta discipline de prédilection ?

J’ai participé avec enthousiasme à des compétitions jusqu’à l’arrivée de ma fille, il y a 4 ans, mais cela n’a jamais été une finalité pour moi. Je ne pratique pas l’apnée pour la compétition. J’aime avant tout me faire plaisir et partager cette passion avec les autres, en initiant et formant des apnéistes en tant que monitrice. Quoi de mieux que de voir les gens progresser, sourire, nous parler du bien-être que leur procure à eux aussi l’apnée ?

J’ai pratiqué la compétition dans un premier temps simplement pour mieux appréhender la fonction de juge, puisque je participais à l’organisation de compétitions. Il m’a semblé intéressant de me mettre dans la peau de l’athlète, pour pouvoir mieux juger. Puis je me suis prise au jeu, avec une petite pression sur les épaules puisque je suis monitrice d’apnée et que j’étais alors Présidente de la Commission Apnée à la FFESSM. Il était donc hors de question pour moi de commettre la moindre erreur afin de ne pas donner un « mauvais » exemple. Pour développer notre sport, l’image que nous en donnons est primordiale. Je me suis donc imposée des limites, ce qui est avouons le, extrêmement frustrant. Ma discipline de prédilection est le statique, mais j’aime aussi particulièrement le DNF. J’ai remporté des compétitions au niveau régional, ai été championne d’Alsace et me suis qualifiée au Championnat de France en 2012 et 2013. Ma dernière performance en compétition était autour des 4’30 … j’en avais encore sous le pied, mais ce n’est rien comparé aux performances de nos incroyables championnes que sont Béatrice Del Négro ou Magalie Siterre (j’en profite pour les embrasser 😉 ) !

J’aurais adoré participer à des compétitions en profondeur, si j’avais l’occasion de plus pouvoir pratiquer en mer. Et il n’est pas exclu que je reprenne la compétition plus tard.

Olivia Fricker – Crédit photo : Jean-Charles Maes

Comment es-tu devenue la capitaine de l’équipe de France ?

Je suis devenue Capitaine de l’équipe de France en 2011, lorsque Arnaud Ponche qui avait été missionné sur cette « fonction » à été nommé Main Judge des Championnats du Monde CMAS à Tenerife. J’ai pris ce poste un peu pour dépanner et y suis restée jusqu’en 2017. Comme j’ai toujours aimé partager ma passion, entrainer, suivre les résultats internationaux, parfois être stratège … j’ai eu un véritable coup de cœur pour le capitanat. J’ai vécu des moments extraordinaires avec les athlètes des équipes de France. Je garde au fond de moi des moments précieux avec notamment Sophie Jacquin, Elsa Gaure, Georgette Raymond, Arthur Guerin-Boeri, Alexis Duvivier, Guillaume Bussière, Olivier Elu, Xavier Delpit ou encore Romain Doris même si tous représentent beaucoup pour moi.
Faire partie de l’équipe d’encadrement demande un engagement intensif passionné et inconditionnel au service des athlètes.
Ce qui compte avant tout, c’est l’envie de gouter à l’aventure du Haut-niveau, à l’engagement pour un collectif, pour un sport que l’on veut voir grandir et puis pour sa fédération et ses couleurs… car sans motivation et soutien de l’encadrement, les athlètes ne peuvent pas performer à la hauteur de ce qu’ils ont donné à l’entrainement et de ce qu’ils méritent. L’objectif doit être de se rapprocher de la perfection et d’amener chaque athlète vers une performance individuelle, au sein d’un collectif qui se doit d’être uni.
A postériori, cela était un peu fou et très chronophage de se lancer ainsi mais « les folies sont les seules choses qu’on ne regrette jamais ». Ce n’est pas de moi mais d’Oscar Wilde.

Pourquoi avoir créé « la relève » de l’équipe de France ?

Nous avons décidé avec le Directeur Technique National de la FFESSM, Richard Thomas et les entraineurs des équipes de France, Arnaud Ponche et Christian Vogler, d’inviter des jeunes afin de préparer l’avenir et notamment 2024 (entrée possible de l’apnée aux JO pour 2024). Qui ne rêve pas … ne réalisera jamais ses rêves.

L’idée a été de transférer un maximum de compétences et d’expériences à ces jeunes mais aussi à leurs entraineurs (quand ils en ont) afin de les voir progresser et donc performer, sur le circuit national et nous l’espérons plus tard, international. Nous souhaitions aussi leur faire croire en eux, les « parrainer » par des athlètes membres de l’équipe de France, développer leurs potentiels et leur offrir un maximum d’outils (dont la préparation mentale, avec notre préparateur Robert Brunet) pour qu’ils construisent eux mêmes leur propre « boite à outils ».

Et la potentielle entrée de l’apnée en démonstration aux JO de Paris sera en partie liée aux performances de nos athlètes tricolores mais également à ceux du monde entier. Plus ils seront nombreux et plus de fédérations seront représentées sur le circuit international, plus les performances seront importantes mais aussi visibles vis à vis des médias, plus nous aurons de chance de voir un jour la discipline qui nous est chère aux JO.

Je citerai encore une fois Wilde, « Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles » Et notre sport mérite a minima, ses étoiles. Je vous laisse, ami lecteur, choisir lesquelles.

Post scriptum : je profite de cette interview pour remercier les entraineurs des équipes de France, Arnaud et Christian, mais aussi le Président de la FFESSM, Jean-Louis Blanchard, celui de l’apnée, Thiery Bertrand et notre DTN Richard pour leur confiance et soutien à l’apnée et dire aux différents athlètes combien je les admire et ai été heureuse de pouvoir, à ma mesure, les accompagner.

Pour suivre l’actualité de l’équipe de France, rendez-vous sur le page Facebook d’Apnée France Fédération Française.

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